Autour de l’Erg Znaigui, les Gazelles entament ce lundi le Trek’in 2025. Température annoncée de 28 degrés, ciel bleu dégagé, vent faible… des conditions idéales pour faire leurs premiers pas dans le désert.
«On est à bloc là, on veut partir !» L’équipe 107 n’en peut plus d’attendre. Il est 7h30 et les concurrentes sont sur la ligne de départ. Cette année, une nouveauté attend les Gazelles : un réveil musculaire assuré par Clémentine, coach sportive et ancienne participante. «On monte les genoux, on va chercher loin !» De partout, les bras se lèvent, les filles se déhanchent et entament le refrain de ce qui ressemble déjà à l’hymne de l’aventure, «Résiste» de France Gall. «On est là pour prendre du plaisir, pour se dépasser aussi et vivre des moments forts à trois. On est déjà soudées mais avec cette aventure, on le sera encore plus», affirme l’équipe 98 .
A l’horizon, le lever du soleil donne le top départ de la course pour les 140 équipages venus de toute la France et des pays alentours, la Belgique, l’Allemagne ou la Suisse. Mais aussi de Roumanie, de Suède et même du Canada. A trois, elles entament leurs premières foulées dans le désert marocain. Trois femmes. Un chiffre qui, selon la fondatrice de la course, Dominique, symbolise l’équilibre. «Trois Gazelles, comme le souffle du monde : la première est ancrée dans la terre, elle est solide. La seconde, audacieuse, prête à franchir les limites du possible. La troisième, la lumineuse, éclaire le chemin et rassemble les forces de ses coéquipières.»
La découverte des balises
A quelques centaines de mètres du bivouac, l’équipe 127 trouve sa première balise. «On sait qu’on a la numéro, maintenant on va pouvoir aller chercher les bonus, une rouge et pourquoi pas une noire.» Quatre couleurs, vert, bleu, rouge, noire, qui indiquent la difficulté choisie, comme les pistes de ski. Ces balises bonus sont virtuelles, non matérialisées, avec pour seuls indices quelques éléments géographiques. L’équipage doit se positionner précisément à la bonne coordonnée pour valider le point. A côté, au pied des reliefs qui se dessinent devant elles, Sylvie, comptable et sa fille Jeanne, ingénieure biomédicale, déterminent le cap à suivre pour l’équipe 6 . «Karen, notre coéquipière et amie, avait les yeux pleins de paillettes après son premier trek. Elle nous a convaincues de l’accompagner pour l’édition 2025. Le désert est si beau…c’est à la hauteur de ce que l’on attendait.»
En ce premier jour de marche, les conditions sont idéales. Sous un ciel parfaitement dégagé, l’équipage 19 cherche aussi une balise bonus. En guise d’indication, la photographie fournie par l’organisation, «un rocher posé sur un tas de cailloux… On a l’embarras du choix », s’amuse le trio, qui pense être à 500 mètres de l’objectif. «On a l’impression d’être bien sur notre carte. On était plus nombreuses en début de matinée mais là, on sent que les équipages se disséminent un peu partout.» Avec le choix des balises bonus, chaque équipage finit par emprunter un tracé différent. Perchées sur le haut d’une crête, Morgane, Elsa et Émeline inspectent l’horizon, un paysage de pierres noires aux allures de cratère. «On préfère éviter la descente à pic et passer par le côté, pour économiser nos genoux.»
A l’ombre du ravitaillement
A l’approche de midi, le soleil commence à cogner. De quoi motiver les groupes à rejoindre le premier point de ravitaillement où sont distribués de l’eau, des fruits et des barres de céréales. Sous la petite tente installée au pied du CP, l’équipe 3 profite du coin d’ombre pour poser les coordonnées des points qui les attendent. Le choix de la difficulté des balises bonus se fait «au fur et à mesure, en fonction du niveau que l’on se découvre sur le terrain.» Le principal – elles semblent toutes d’accord – c’est de rentrer le soir au bivouac ! En cas de problème, elles peuvent compter sur l’équipe médicale présente tout le long du parcours. Pour Quentin et Lucas, podologues, ce premier jour s’annonce calme. «On donne pas mal de conseils pour l’instant, on fait de la bobologie. Surtout, on rappelle aux filles de vider le sable de leurs chaussures, pour éviter les frottements et les ampoules qui vont avec.»
Sur le chemin, il y a celles qui gardent le nez sur la carte, cap sur les balises. Et puis il y en a d’autres, plus rêveuses, comme Sandra, la directrice d’agence de l’équipe 115 qui découvre le Trek. «Je n’arrête pas de dire aux filles, regardez, il y a des traces d’animaux, là bas des dromadaires, la végétation change … J’aime cette diversité de paysages, c’est poétique.»
Au creux des dunes, un monde de silence
Aux heures les plus chaudes, les Gazelles entament la traversée de leurs premières dunes. Une épreuve redoutée par l’équipe 81 , qui semble pourtant surprise : «Nous pensions que ça serait plus compliqué, avec plus de pentes, plus de dénivelé.» Avec leurs bâtons de marche, la mère, esthéticienne et ses deux filles, étudiante et opticienne, traversent la mer de sable sans encombre. «Alexia et Priscilla m’ont fait la surprise de m’offrir ce Trek pour mon anniversaire, elles savaient que j’en rêvais.» Quelques dunes plus loin, l’équipage 53 profite du silence. Si le trio suisse s’est entraîné dans la neige, là, elles découvrent le sable, les lézards et les scarabées. «Magique.»
A quelques kilomètres de l’arrivée, les choix se font plus stratégiques. Alors qu’ à 16h00, les dernières Gazelles de la course, les 89, entament tout juste le chemin des dunes, sous le feuillage d’un tamaris, Laure de l’équipage 92 n’a qu’une seule question pour ses coéquipières. «Elles sont comment vos jambes ?» Après un «long détour» ce matin, ces trois médecins urgentistes veulent s’assurer de ne pas faire la même erreur cette après-midi et de rentrer au bivouac avant la nuit. «Il fait chaud, les jambes ont pris les kilomètres, on réfléchit un peu avant de se rajouter une balise bonus.» Même réflexion pour l’équipage 101 , qui avance en plein désert rocheux. «Mes vieilles tendinite et entorse se rappellent à mon bon souvenir, ça tire sur les chevilles» reconnaît Caroline.
Dernier effort avant l’apéro
Sur le bivouac, certaines sont déjà rentrées – les premières dès 15h30, les dernières sont attendues après la tombée de la nuit. Au classement, l’équipe 13 rend sa balise. Contient elle de bonnes choses ? «On est revenues, pour une première fois c’est déjà ça. On a manqué deux points de passage obligatoires en voulant éviter les dunes à cause de soucis de dos. On aimerait se préserver pour arriver jusqu’à la fin.» Au milieu du campement, des Gazelles posent leurs points pour la journée de demain. D’autres s’étirent, guidées par la coach sportive, Clémentine. Et d’autres encore tentent le «stretching bière», un concept simple qui consiste à regarder les autres faire, assises une bière à la main. «Une seule par soir, c’est notre petit réconfort et notre seul excès. Le stretching, on essayera demain», assurent les participantes de l’équipe 12 . Rendez vous pris donc, car mardi, une autre journée chargée attend les Gazelles. Un indice ? Il y aura des cailloux. Beaucoup de cailloux…






























