RÉSUMÉ D'ÉTAPE

"Sur la route de Mfis".... deuxième étape du Trek’in Gazelles

Étape 2 ZNAIGUI  

En cette deuxième journée, une petite mise en jambe dans les dunes attend les Gazelles, avant un sacré chemin de cailloux jusqu’au retour au bivouac. De quoi tirer, déjà, sur les forces des participantes.

Sur la ligne de départ, les Gazelles sont couvertes. Au matin, les températures sont encore fraîches pour cette deuxième étape déportée qui commence, non pas sur le campement, mais près du village de Mfis, à une dizaine de kilomètres. Face aux équipes, les courbes des premières dunes se dévoilent au le soleil levant. Entre les levées de genoux impulsées par Clémentine, la coach sportive et les applaudissement des copines, les premiers trio à partir ouvrent la course, aux alentours de 8h00. «On va essayer de confirmer la stratégie d’hier, qui nous a bien réussi» résume l’équipe 4 . A savoir, «profiter et choisir des objectifs qui correspondent à notre niveau : viser quelques balises bonus, sans non plus se stresser pour les attraper.»

Au pied des dunes, les marcheuses s’attaquent à l’ascension. Rien de bien méchant en ce deuxième jour pour l’équipe réunionnaise des 96 . «On y va ti lamp ti lamp, petit à petit. Les dunes d’hier, l’après midi en pleine chaleur, c’était compliqué. Mais là c’est plus agréable, le sol nous semble plus dur, c’est plus facile d’avancer.» Sur le monticule voisin, les 46 étudient le paysage, carte à la main. Ces infirmières en pédiatrie travaillent ensemble au quotidien. «On a l’habitude de se soutenir. Donc si l’une d’entre nous a un coup de mou, on l’attend. On s’écoute et on s’entraide.» Dans le désert, où la météo peut varier en un instant et les difficultés s’accumuler, la solidarité est capitale. «Entre les ombres, le soleil dans les yeux, la fatigue… les distances sont parfois trompeuses», reconnaissent les filles de l’équipe 69 .

Mfis, le village abandonné

A quelques centaines de mètres, plusieurs participantes parcourent les rues désertes de Mfis, un village abandonné situé près d’anciennes mines de plomb et de tungstène. Près des maisons basses, entre les murs de torchis par endroits écroulés, elles cherchent la balise bonus noire. «C’est la couleur la plus compliquée à trouver mais le lieu est à la hauteur de l’effort. C’est hallucinant, hors du temps», décrivent Emmanuelle, Urbana et Julie, l’équipage 87 . Jusqu’à sa fermeture dans les années 50, des mineurs et leurs familles peuplaient l’endroit.

C’est dans une plaine des plus sèches que les aventurières rejoignent le premier point de ravitaillement. De quoi boire et manger et aussi, de quoi se faire soigner pour Salomé, de l’équipe 74 . Entre deux étirements, Alex, le kiné, donne quelques conseils sur le poids à répartir dans son sac à dos. Loin de Roanne, dans la Loire, la Gazelle fait bien plus que se dépasser. Atteinte par la malade de Behçet, une inflammation chronique des vaisseaux sanguins, son quotidien est rythmé par les séances de kiné et les massages. « Les personnes qui en souffrent ont des difficultés à se déplacer et sortent peu. En avril, je ne pouvais même pas marcher. Être là, c’est un challenge. Une question de mental et d’énergie. Mais ce Trek, c’est fait pour avancer !»

Des airs d’Arizona

Autour des Gazelles, les paysages changent. Le sable du matin fait place, l’après midi, à un désert de roches noires . «Le décor est impressionnant, volcanique», décrit Christine, la soixantaine, de l’équipe 83 . Elle qui n’était jamais venue au Maroc lui découvre «des petits airs de far west, d’Arizona.» Le chemin s’étire, désertique. Et chez l’équipe 33 , les problèmes arrivent, avec leur lot de douleurs. «J’ai deux grosses ampoules à chaque pied», se désole Nathalie, technicienne administrative. Même avec les straps posés par les podologues, la route risque d’être longue jusqu’au bivouac.

Le second point de ravitaillement, installé sous un arbre, semble tomber à pic. Par grappes, les participantes arrivent, les traits un peu tirés pour les 41 : «On a pas mal monté, on a eu du dénivelé, c’était physique !» Pour Christelle, le CP marque la fin de la course. L’équipière 72 , atteinte de sclérose en plaque, avoue avoir «beaucoup tiré, peut être trop sur cette épreuve.» Elle préfère rentrer accompagnée de l’équipe de l’assistance médicale pendant que ses coéquipières rentrent au bivouac – non sans fierté pour la performance de leur amie. «Il faut voir le positif, beaucoup ne l’auraient pas fait», rappellent Claudy et Karine. La dernière balise sonne comme une récompense pour celles qui grimpent la montée finale. «On a voulu faire plaisir aux filles avec une citronnade maison», racontent Jonathan et Anthony, chefs de projet du Trek’in Gazelles. Surprise réussie ! «C’est tellement appréciable, c’est notre récompense après l’effort» s’exclame le trio 12 .

Izourane, les racines

Aux portes de l’arrivée, l’équipe 63 se félicite de la journée : «On a fait nos CP, des balises bonus vertes et bleues, l’objectif est rempli.» Si Natacha n’en est qu’à son deuxième, Martine et Danièle, elles, valident leur quatrième participation. L’an dernier, des soucis de santé se sont invités dans leur challenge, problème intercostal pour l’une et rupture des ligaments croisés pour l’autre. «On avait une revanche à prendre sur le désert, on ne voulait pas rester sur un goût d’inachevé.» Et puis pour Martine, la doyenne du trio, «c’est toujours bien de rappeler qu’on peut vivre ce Trek même à 72 ans !»

Sur le bivouac, une dernière surprise attend les marcheuses. L’association Izourane, les racines, qui œuvre pour le développement de la femme et de l’enfant. Une vingtaine de femmes en font partie, originaires d’Hassi Labied. Aux Gazelles, elles proposent du henné, leur apprennent à tresser des porte clés en laine vert et jaune, aux couleurs de leur village. «Nous produisons des cosmétiques, de l’artisanat, nous donnons des cours de cuisine aux touristes», explique Zarah, l’une des membres. Un vecteur d’autonomie, un espace à elles, aussi. Leur respiration hors du quotidien. «Les soutenir c’est bien mais ici, on peut les rencontrer, voir ce qu’elles produisent et découvrir leur travail. Ça fait aussi partie de l’aventure», souligne Salomé, de l’équipage 74 . La Gazelle ne s’y est pas trompée, elle qui a déjà acheté quatre robes pour les offrir à son retour. Un moment partage et de détente pour les femmes du Trek’in. Après une journée de marche, une douche, un thé ou une bière, elles confient leurs mains aux marocaines, en espérant que les lignes tracées par le henné les guident sans encombres, jusqu’à la prochaine étape.

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