La troisième étape du Trek’in Gazelles monte le niveau d’un cran. Les participantes sont venues chercher de l’aventure et du dépassement : au sud de Znaigui, cette journée va leur en donner.
Les visages qui sortent des tentes sont un peu tirés ce matin. Au réveil, il fait déjà chaud sur le bivouac. Au petit déjeuner, vers 6h30, Ludo, le directeur sportif, annonce la couleur de la journée : trente degrés, ressenti plus élevé. «Cette troisième étape est faite pour tester votre endurance, physique et mentale. Allez y doucement si vous avez besoin, écoutez vous. N’oubliez pas de boire et de manger et surtout, ne vous séparez pas.» Message reçu pour l’équipe 2 , qui compte faire «plus cool qu’hier, pour garder des forces jusqu’à jeudi.» Pareil pour l’équipe 5 , qui compte «une Gazelle en forme, une moyen et une pas top !» La faute au manque de sommeil et au nez bien bouché de Florence. «J’ai dû réveiller tout le monde cette nuit, à force de tousser et me moucher…»
La marche du jour s’annonce chargée, entre dunes et passages rocailleux. A l’entrée du parcours, le trio 15 fait le point et profite de la vue «magnifique au lever du soleil» près de l’un des habitats les plus typiques du Maroc. Et visiblement, celui là n’est pas très avenant… «Le dromadaire nous a tiré la langue, il ne sentait pas très bon !» Concertation aussi pour les québécoises de l’équipe 20 , entraînées jusqu’ici par Karyne, journaliste spécialiste du vin, qui cherchait un défi à la hauteur pour ses 40 ans. Maxine, son amie et voisine s’est laissée convaincre, à une condition. «On joue à fond le défi CleanWalkeuse, qui consiste à ramasser les déchets que l’on trouve sur notre route. Le deuxième jour, on a rapporté 4 sacs», signale la conseillère en développement durable. L’an dernier, 36 000 litres de détritus ont été ramassés par les Gazelles.
Marcher pour les autres
Les aventurières rejoignent le ravitaillement de la matinée à l’ombre de grands arbres. Dans la plaine vallonnée de Berga, les filles en profitent pour se reposer, s’étirer et remplir leur sac de barres Fulfil et de bouteilles d’eau Aïn Atlas, fournies par les partenaires du Trek’in Gazelles 2025. «C’est royal, ça fait du bien d’avoir un peu d’air», apprécie l’équipage 94 .
Au tracé des points, si certaines équipes comme les 71 pensent stratégie, elles n’oublient pas le défi solidaire de l’expérience. Car sur l’évènement, chaque balise validée engrange 5 euros, donnés au secours populaire par Maïenga. «Quand on peut, on prend les balises bonus, ça fait des sous en plus», assure Nathalie. «L’entraide fait partie de nos valeurs, c’est aussi ce qui nous a convaincues de choisir ce défi. C’est la politique du colibri : chacun fait sa part, même petite, pour aider au mieux.» Un geste apprécié par les deux équipages de bénévoles et partenaires de l’association, les 147 et 148 . «Nous voyons tous les jours des gens qui galèrent. Cette marche, c’est pour leur montrer qu’il faut tenir, même dans la difficulté», résume Martine, engagée à la fédération du Vaucluse depuis deux ans. « Pendant notre marche, si ça ne va pas, on se le dit. On aimerait faire comprendre à ceux qui sont dans le besoin qu’il faut faire de même. Certains n’osent pas demander de l’aide. Il faut pourtant le dire, en parler pour être accompagné.» 96 000 euros de dons ont ainsi été reversés bénévolement par Maïenga depuis la création du Trek il y a cinq ans.
Quand le vent s’invite sur le tracé
Dans l’après midi, le parcours se fait plus difficile. L’air est chaud. Un vent sec souffle sur les Gazelles, pique les jambes et les visages. «On mange du sable, mais physiquement, on est au top. Chaque jour qui passe va de mieux en mieux. On se fait confiance. On comprend mieux comment maîtriser la navigation», se félicitent Daisy et ses coéquipières, qui participent pour la première fois. « On prend enfin plaisir à marcher et s’orienter !» Une fois validé leur CP, direction les barkhanes, des dunes qui se forment et se déplacent avec le vent. La pente est raide mais les Gazelles sont solides. A l’image d’Odile, Pascale et Cathy, les 24 – l’un des quatre équipages bénéficiant d’un pack entreprise, une aide financière pour participer au Trek. «La société strasbourgeoise créée par Odile,Vapodil, finance une partie de l’aventure. Ça nous motive encore plus : on a envie de se dépasser, de défendre ses valeurs, la protection de l’environnement et la préservation des ressources en eau.»
Au pied des dunes, les commissaires du Trek veillent au bon respect des règles, comme l’expliquent Thierry et Céline. «On vérifie que les trio marchent groupés et à une distance respectable les uns des autres pour ne pas entendre les tracés des copines. On regarde aussi à ce qu’un équipage ne se mette pas dans les pas d’un autre. Quand on les contrôle, elles doivent être capables de nous donner leur cap et la balise visée.»
Le présent c’est maintenant, surtout à soixante ans
Ghislaine et Yasmine cherchent justement leur balise bonus. Le duo a laissé Agnès, la troisième membre de l’équipage 103 , au campement. «Elle a vraiment donné son maximum mais l’épuisement a pris le dessus». Si elles sont désormais hors courses, les retraitées originaires du Maine n’en ont pas pour autant terminé avec le désert. «Nous ne sommes pas de grandes sportives mais on voulait tester notre condition physique. On ne vise pas le podium, on veut juste profiter un maximum. Passé 60 ans, on se dit que si l’on veut vivre des aventures, c’est maintenant et pas dans dix ans !» Au creux des dunes, entourées de roches noires, presque bleutées par les reflets du soleil, les 90 viennent juste de trouver leur chemin, comme en témoignent leurs sourires de satisfaction. Cheffe de projet informatique, Christine a les pieds qui tirent. «Ça commence à faire mal à force d’appuyer. Mais les bâtons aident bien pour avancer, surtout dans les descentes pour contrôler ma trajectoire.» Ce soir, les Gazelles comptent bien rentrer de jour, après un retour de nuit la première étape et au coucher du soleil lors de la seconde. «On aimerait bien profiter un peu du bivouac.»
Passés les drapeaux à l’entrée du camp, nombreuses sont celles qui visent comme dernier CP la tente des kinés et des podologues, qui ne comptent plus les consultations. «Ce sont surtout des ampoules, des échauffements, quelques hématomes sous les ongles», résume Marie, podologue. Pour Cynthia, de l’équipe 104 , c’est la couture de ses guêtres qui a frotté et déclenché un échauffement sur l’un de ses orteils. «Je viens me faire soigner avant l’ampoule, histoire de bien terminer l’aventure et pourquoi pas, remonter de quelques places dans le classement.» Résiliente la marcheuse ! Malgré les douleurs, les efforts, les doutes et les balises ratées, les Gazelles vont jusqu’au bout. Gazelle un jour …



















